Avoir défrayé la chronique en habillant Lady Gaga de viande crue ne fait pas pour autant de vous un designer chevronné, susceptible de mener à bien une mission de l'ordre de celle confiée à Nicola Formichetti. Car si le jeune homme partage avec Thierry Mugler le même goût pour les défilés spectaculaires, la comparaison s'arrête là.
Il est vrai que l'ex-DA du Vogue Homme Japon semble avoir éprouvé quelques difficultés à passer des costumes de scène azimutés de sa diva peroxydée à une collection cohérente, susceptible de s'emparer dignement de l'héritage Mugler.
Là où Thierry Mugler révolutionnait les coupes (afin de sublimer le pouvoir de séduction des femmes), accentuait les volumes (tout en restant portable) et questionnait la matière (sans pour autant lui conférer une allure SF), Nicola Formichetti ne fait en effet qu'effleurer son sujet, caricaturant le style de celui qu'il considère comme l'un de ses maîtres spirituels.
Ce fut ainsi une succession de femmes ultra sexuées évoquant maladroitement l'univers Mugler qui servit de décor humain à la performance artistique de Lady Gaga. Car voulu ou non, le résultat est là : c'est bel et bien à un spectacle de la jeune femme que le public assista hier soir, et non à la renaissance tant attendue de la griffe Mugler...
Une Lady Gaga qui est d'ailleurs apparue bien plus à son aise dans ces panoplies de show girls que la plupart des autres mannequins, comme si Formichetti avait sciemment choisi d'oublier toute notion de portabilité, sous prétexte de célébrer une énième fois le mythe lady gagien. Le créateur italo-japonais semble en effet s'être laissé dévorer par le culte de sa muse, et ce au détriment de la mission qui lui avait été attribuée : redonner une identité forte à la marque française.
Cela dit, on lui aurait certainement vite pardonné son attitude de groupie si cette fascination avait finalement engendré de sublimes créations. Malheureusement, ce n'est guère le cas, Nicola Formichetti s'étant contenté de développer la sexyness futuriste de la chanteuse, sans rien lui apporter de neuf...
Par Lise Huret, le 03 mars 2011
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