
Le rôle des créateurs n'est pas de nous brosser dans le sens de la frange, pour cela de multiples enseignes plus ou moins boboisées ne se font pas prier. Pour que la mode conserve un tant soit peu de saveur, il est nécessaire que certains - quitte à se faire taxer d'incohérent, de passéiste monomaniaque ou de futuriste fou - osent concevoir leurs collections sans penser systématiquement à l'accueil qui leur sera réservé.
C'est pourquoi, loin de nous offusquer du retour de la carrure, on tente de l'appréhender d'un oeil neuf (exit Goldorak, les New Kids on the Block et compagnie), car on se doute bien que les Margiela & Co ne l'ont pas réinterprété dans le seul plaisir de nous enlaidir.
En furetant du côté du vestiaire complet de Martin Margiela, on se congratule d'avoir été au-delà de nos préjugés. Loin des modèles oversize de son défilé - qu'il faut savoir assumer - on découvre des pièces sobrissimes, à la carrure fine et délicate, qui nous font revoir le principe du basic.
Ce pull ultra léger aux épaules ciselées nous fait même prendre conscience qu'avec une bonne dose de talent, fait d'épure et de justesse, le plus rédhibitoire des détails peut devenir une évidence fashion. Working girl intergalactique en jupe crayon ou Cruella arty en slim en cuir, ce pull nous ouvre des voies jusque-là interdites ou ignorées…
Pull Martin Margiela, 485 £ (soit 675 €) chez Brownsfashion