
La ligne est claire : les années 20 semblent avoir fortement inspiré Mister Kane. Cependant, loin de s'abîmer dans la citation historique, ce dernier a su y puiser une sève créatrice plus conceptuelle qu'anecdotique, donnant ainsi naissance à un vestiaire au raffinement moderne. Sous ses doigts, les paillettes se transforment en sequins oversize, tandis que de précieuses broderies faites de franges perlées et de strass rehaussent certains tricots quasi monacaux...
Les premiers passages habillent une jeune fille austère, mais laissent présager par quelques éclairs de cuir que cette dernière ne sera pas toujours aussi sage. Sur un air d'années folles, à l'aide de transparences et de découpes ouvragées, Kane lui confère un rien de décadence.
Si certains modèles ne sont pas sans rappeler les robes Worth et l'esprit Charleston, d'autres malmènent candidement les codes dont elles sont issues. En effet, les jeux de transparences dévoilent plus que permis, tandis que les pastilles se voient emprisonnées sous une mousseline de soie évanescente et que le glamour d'un fourreau à facettes se couvre chastement d'une combinaison floue faussement 1900...
Kane s'amuse, détourne, déstructure, le tout avec cette sensibilité esthétique qui lui est propre. Ses modèles, entre angélisme cynique, pudeur et grunge chic, évoquent en filigrane une Virginia Woolf aux allures d'Ophélie.
Plus commerciale que ses précédentes collections et moins doucereusement trash, la présentation automne/hiver 2008-2009 de Christopher Kane reste néanmoins un pur instant de mode...