Rétro et créatif, plus mono que duo, couvrant pour mieux suggérer... c'est ainsi que l'on pourrait déterminer l'esprit général ayant soufflé sur les pièces plages des catwalks. Le propos est à la construction, à la géométrie variable et à l'inventivité, mais sûrement pas à la séduction made in Brazil. Si l'on est adepte du micro échancré, il faudra faire fi des tendances, car cet été nous sommes aux antipodes de l'économie de matière.
Deux pièces gainant

Détrompez-vous, vous n'êtes pas en train de visionner la rubrique "confort et maintien" de la VPC en ligne. Si cet été les culottes s'envolent vers le nombril, ce n'est pas par souci de dissimulation adipeuse, c'est juste qu'elles désirent tester le potentiel fashion de la beach gaine... Et pour cela, toutes les variations stylistiques sont au rendez-vous.
- Chez Betsey Johnson, c'est l'esprit Lolita qui l'emporte. Brillant et à pois, le deux pièces pourrait éventuellement nous faire ressembler à une néo Betty Boop. Cependant, pour porter ce genre de modèles on se doit d'être parfaitement pulpeuse : trop et c'est le naufrage de Moby Dick, pas assez et c'est le fashion faux pas assuré.
- Chez La Perla, si le shorty se veut taille haute (à la limite de la pudibonderie), le mini bandeau bijou permet de contrebalancer l'ensemble. On retient que plus le slip joue les prudes, plus le haut se découvre.
- Banqueroute pour Galliano, qui ne parvient pas à rendre désirable son maillot de bain ultra-rétro. Il cumule d'ailleurs les prises de risque : couleur fade, structure floue et élastiques de finition marquants ne peuvent décemment flatter un corps, quelqu'en soit la morphologie.
Le maillot "gaine" est un faux-ami : celles qui croient pouvoir y cacher leurs petits bourrelets sont dans l'erreur. Afin de pouvoir porter ce genre de modèle, il faut être parfaitement proportionné : un 90-60-90 s'impose...
Mono pièce

Les créateurs se préoccuperaient-ils désormais des dommages causés par les UVA ? Ou développeraient-ils un certain fétichisme envers les costumes de bain du passé ? La seule chose dont nous sommes sûres, c'est que le une pièce a le vent en poupe. Combinez-le à un shorty et vous obtiendrez la forme estivale à adopter.
- Autant le deux pièces avait été catastrophique chez Galliano, autant sa proposition autour du une pièce est un vrai bonheur. Finement plissé, shorty parfaitement ajusté, graphismes pimpants, équilibre réussi entre le bas et le décolleté... ce maillot de bain frise l'orgasme mode, et nous offre la possibilité d'être subtilement sexy.
- Chez Bottega Venetta, les modèles s'inspirent clairement de la lingerie, et la plage se confond avec le boudoir. Véritablement chicissime, on se doute néanmoins qu'une once de cellulite suffira à ruiner l'aura glam-rétro de cette création. Commun des mortelles s'abstenir.
- Louise Goldin, styliste britannique, transpose son amour des découpes colorées sur ses maillots de bain sporty. Un rien Laure Manaudou du futur, cette création pour naïades expérimentales est tellement atypique que les réactions à son égard ne peuvent être que tranchées : on aime ou on déteste.
Si l'on choisit le une pièce, on le pense sans bretelles (ou alors très fines), graphiquement accessible et au bas subtilement échancré.
Jeux de découpe

Et si la solution était dans le modèle hybride ? Le une pièce est de rigueur ? Certes, mais il n'est pas interdit de le choisir version "découpe", afin de le rendre un rien plus désirable...
- Chez Rykiel, on aime cette apparente densité qui finalement découvre plus que ne couvre. Les fleurs, stars de l'été, se trouvent ici subtilement sublimées version hawaïenne parisienne.
- Pour Oscar de la Renta par contre, les découpes ne parviennent pas à sauver de l'ennui ce modèle fade, tristement noir et dramatiquement classique. On zappe.
- Chez Michael Kors, on assiste à une alchimie réussie entre le deux pièces couvrant et le mono dénudé. On apprécie la symétrie triangulaire des découpes, ainsi que le graphisme sans prétention, mais justement bright.
On dira donc oui aux découpes, à condition que celles-ci soient correctement proportionnées, et on préfèrera les attaches fines aux larges bandes inesthétiques.
Le bikini n'est pas fondamentalement fini (on en a aperçu chez Chanel et DSquared²), cependant ils font figure de pauvres petites choses égarées, perdues au milieu d'une tendance sans partage. Qu'ils soient couvrants ou faussement sages, les maillots de bain de l'été 2008 boycottent les modèles micro-mini...
©photo : Vogue