
C'est à Nancy en 1974 que Jérôme Dreyfuss voit le jour. Très tôt, il sent que son avenir se trouve dans la mode. À peine majeur, il décroche un poste d'assistant chez John Galliano, puis devient consultant chez Elite. Cependant, en 1998 le désir de créer l'emporte et il présente sa première collection. Ce qui l'anime ? L'envie de réaliser un fantasme d'ado, consistant à être au plus près des femmes. Quel meilleur moyen aurait-il pu trouver que de les habiller tout en les faisant rêver ?
Il se lance donc avec sa première collection, qui secoue comme rarement la sphère mode. La critique est unanimement sous le charme, on dit même de lui qu'il incarne le nouveau Gaultier. Ses pairs ne s'y trompent pas, et lui décernent le prix du "Futur grand créateur". Il obtient également la bourse de l'Andam, accordée par le ministère de la culture aux jeunes talents prometteurs. Dans le même temps, une pièce issue de sa collection (un corset en ruban adhésif) est exposée au Musée de la Mode. Jamais un créateur novice, encore inconnu 6 mois auparavant, n'avait obtenu un tel privilège, une telle reconnaissance...
Loin d'être un feu de paille, le génie décomplexé de Dreyfuss va se confirmer lors de ses présentations suivantes. Ses modèles à la Jessica Rabbit revisitée, sertis de plumes, gainés de mousseline et portés par les plus grands tops - qui ont déjà élu Jérôme comme leur chouchou - confirment ce dont chacun était déjà persuadé : cet autodidacte est voué au succès.
Un tel engouement pour son prêt-à-porter et son style glamour new wave le portent naturellement vers la Haute Couture. En 1999, il dessine pour la maison Hervé Leger un vestiaire tout droit sorti d'un Star Wars futuro-sexy. Elu homme de l'année 1999, à 24 ans le jeune Dreyfuss est immergé dans un univers de gloire et de paillettes quelque peu oppressant, mais qu'importe, il vit son rêve.
Son travail emporte chaque saison l'adhésion de la presse. Que ce soit ses favelas chicissime ou une squaw en fourrure fluokids avant l'heure, les femmes se damneraient pour pouvoir se glisser dans ses toilettes à la féminité exacerbée. Le point fort du styliste ? L'humour. En effet, en déposant un regard amusé sur la mode, il parvient à renouveler de façon décalée et éclairée les stéréotypes du glamour.

Sa renommée dépasse rapidement les frontières de l'hexagone, et très vite les stars lui font du gringue. C'est ainsi qu'il concevra les costumes de scène de Britney Spears, et collaborera avec Michael Jackson. Cependant, en dépit d'évoluer parmi les étoiles, de posséder ce qu'aucun autre designer de sa génération ne pouvait espérer acquérir, d'être adulé et encensé de toutes parts, Jérôme Dreyfuss décide, en 2002, de se retirer du monde du prêt-à-porter. Mais s'il renonce à l'excitation enivrante des backstages, ce n'est pas pour autant qu'il disparaît de la scène...
La même année, il lance ainsi "Jérôme Dreyfuss Accessoires". Peu après, semblant condamné au succès, il monte sur la première marche du podium du salon "Sommet du luxe et de la création", et inscrit son nom dans la bible hype "Who's Who". C'est désormais par les sacs qu'il décide de séduire les femmes. Cet accessoire le fascine, tant son potentiel à définir une silhouette est fort. De plus, alors que les Ipods et autres gadgets électroniques portatifs envahissent le marché, le designer se doute bien que les sacs seront plus que jamais utiles aux belles fashionistas nomades du quotidien, inséparables de leur matériel de survie.
Après quelques années passées à flirter avec les VIP, Dreyfuss devient plus accessible. De la même manière que Naomi Campbell lui avait - en un temps record - accordé sa confiance, les modeuses apprennent à le connaître, et en font très vite leur référence ultime en matière de maroquinerie. Ses créations, entre souplesse, finesse, excellence des matières et intelligence des détails, deviennent de véritables objets de convoitise.
Espiègle, Jêrome Dreyfuss leur appose des noms d'homme, offrant ainsi aux femmes la possibilité de s'offrir un Jules en un coup de carte gold... Ses bags, qu'il définit lui-même comme "roots de luxe", sont conçus non pas pour se pavaner entre la sortie d'une limousine et le hall d'un palace, mais bien plus pour accompagner une jeune femme moderne, citadine et ultra mobile.

En 2006, il lance un nouveau label : "Agricouture". C'est une démarche importante pour le créateur, qui désire sensibiliser les consommatrices au fait que l'on peut créer et produire sans pour autant endommager la planète. Son label assure que le processus de création des modèles Jérôme Dreyfuss est de A à Z respectueux de l'environnement. Teintures végétales et cuir "bio" sont les matières premières qu'il plébiscite. Les acheteurs des points de vente les plus select se ruent alors littéralement sur ses produits. C'est ainsi que le Billy et ses petits frères se retrouvent chez Neiman Marcus à New York, Harvey Nichols à Londres, Lane Crawford à Hong Kong ou encore l'Eclaireur et le Bon Marché à Paris...
Cependant, ses volumes cosy et ses détails astucieux suscitent l'envie des concurrents. La griffe se voit ainsi confrontée à la malédiction des contrefaçons, qui guette tous ceux que le succès auréole. Néanmoins, le designer ne baisse pas les bras et traque de près les tricheurs. Les procès qu'il gagne régulièrement dissuaderont peut-être à force ses adversaires mal intentionnés.
Le futur projet de cet enfant prodige de la mode ? Une boutique au cœur de Paris qui, à en croire l'effet produit sur la gent féminine à l'annonce de cette nouvelle, sera à coup sûr un haut lieu de perdition fashion...
Quand a la contrefacon .... il a une assistante qui fait le tour des boutiques et qui deniche tout ce qui ressemble de pres ou de loin a du Dreyfuss !