Fashion week de Paris - Printemps/été 2019 (1ère partie)
Entre nonchalance couture, créativité paresseuse et androgynie sublimée, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la dernière fashion week parisienne...
"Envie de montrer la "vraie" mode" : telle était l'intention de Pierpaolo Piccioli en ce dimanche 30 septembre. Une mode Valentino qui emprunte ici à la couture son excellence et au prêt-à-porter son aisance. On note cependant que si les longues robes aux imprimés "Marrakech" (voir
ici et
là) ne manquent pas de panache suave, ce sont néanmoins les toilettes monochromes exaltant la nonchalance du plissé (voir
ici,
ici et
là) qui parviennent le plus à magnifier la notion de simplicité luxueuse.

Chez Valentino, les créoles
se fendent, les sandales rigoristes
se parent de plumes, tandis que les chapeaux
s'inspirent des volumes Jacquemus.

Chez Balenciaga, Demna Gvasalia affûte
ses moulages en 3D, imagine
une nouvelle carrure digne des grandes heures des séries B de science-fiction et injecte
une dimension dépressive à la notion de costume. Relativement peu galvanisant, le travail du créateur devient néanmoins intéressant lorsque celui-ci
se penche sur les mouvements de la matière. On aurait d'ailleurs aimé le voir développer davantage l'idée consistant à confectionner un vêtement
à partir d'une seule et même chute de tissu...

Nul doute que si elle avait été présentée sur un podium traditionnel, la collection Dior - qui se distingua notamment par ses
tenues de danseuse aux leggings en résille, ses
palettes de teintes fanées et ses
digressions douteuses autour du tie and dye - n'aurait pas manqué de faire bailler intérieurement
Blake Lively. Mais voilà, en décidant de faire défiler celle-ci au milieu de danseurs de la compagnie de Sharon Eyal aux mouvements évoquant un état de transe sensuelle, Maria Grazia Chiuri lui offrit une cimaise inoubliable (voir
ici,
ici et
là). Miser sur des décors et des ambiances grandioses semble être le nouveau subterfuge à la mode pour masquer la redondance créative d'une collection…

Faisant écho aux archives Balenciaga de Nicolas Ghesquière, le dernier vestiaire Louis Vuitton réserve à la femme de l'été 2019 des surprises aux saveurs variées... Il est vrai que si l'on s'incline devant les blousons "bulle" fusionnant de manière inédite légèreté sportswear et tailoring flou (voir
ici,
ici et
là) et que l'on apprécie l'esprit cocon rétro de
ce manteau immaculé et la dégaine "spatiogirl" de
cette combinaison fleurie, on n'en reste pas moins songeur devant les
manches pour apicultrice de l'espace, les imprimés évoquant la pochette d'un 45 tours des années 80 (voir
ici,
ici et
là) et les
volumes "ballon de baudruche en fin de vie"...

Chez Givenchy, Clare Waight Keller convoque
l'écrivain/aventurière suisse Annemarie Schwarzenbach en lui composant une garde-robe flattant son androgynie. C'est ainsi que les
vestes de smoking se glissent dans des pantalons cargo taille haute et que les sublimes robes du soir cassent leur fluidité au contact d'une mini cape d'épaule un brin guerrière (voir
ici et
là). On note par ailleurs que le détail fort de la collection -
un plissé semi-rigide s'échappant latéralement du corsage - gagne
à se la jouer caméléon et que le rose guimauve
se marie particulièrement bien au marron chocolat au lait.

Piqué au vif par les critiques ayant émaillé sa première collection chez Céline, Hedi Slimane est
exceptionnellement sorti de sa tour d'argent pour répondre aux attaques, à l'occasion de la pastille du réalisateur Loïc Prigent "5 minutes de mode" (diffusée sur TMC).

Des atours des filles Miu Miu, on retiendra les sages pièces en cuir ayant vocation à défier avec panache les années qui passent (voir
ici,
ici et
là). Les lunettes de saison risquent quant à elles de diviser, tant leur petit noeud frontal évoque un détail de lingerie mal placé (voir
ici).

Nicolas Ghesquière facilite le porté "pochette" des sacs à main (voir
ici).

Petite forme créative pour Stella McCartney, qui pousse le vice jusqu'à décliner la tendance "cycliste en ville" en combinaisons fleuries (voir
ici et
là).

Une fois de plus, Isabel Marant évite de prendre des risques et joue la partition qui, à défaut de s'attirer les louanges des critiques, lui assurera le succès auprès de sa clientèle. Nul doute en effet que ses
tops "glitters", ses
ensembles casual-girly, ses
blouses romantiques et ses
bottes de cow-girl raviront celles qui continuent d'associer Isabel Marant à l'image du cool parisien.
Street-style télépathie
Essayons un instant d'imaginer ce que pensent les belles immortalisées par les photographes street-style au moment précis où se déclenche le flash...
"Héhé, je savais que je finirais par passer dans la revue street-style de Vogue !" (voir
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"Thank god, j'ai évité de justesse de marcher dans une déjection canine en sortant du taxi. Je n'ose même pas imaginer le nombre de séances de psy dont j'aurais eu besoin pour faire face au choc post-traumatique découlant d'une rencontre impromptue entre mon épiderme plantaire et les excréments d'un animal. Vivement que les talons de 10 reviennent à la mode..." (voir
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"Elle ne va quand même pas photobomber MA photo ?" (voir
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"Tiens, un enfant ! Cela fera bientôt trois semaines que je n'ai pas vu les miens… On a beau se plaindre, mais les fashion weeks ont quand même de sacrés avantages !" (voir
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"Serais-je en train de devenir une icône street-style ? Ah, j'en étais sûre que cette veste ferait un malheur. Oh, j'en reviens pas. J'en reviens pas ! Argh, je vais avoir l'air totalement stupide avec mon air béat. Arrête de sourire, idiote ! " (voir
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"Allo Saturne, ici la Terre ! Venez immédiatement me chercher !" (voir
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"Ca serait top si son mec pouvait nous faire ouvrir la boutique Louis Vuitton ce soir à 23h… Chiche, je lui demande !" (voir
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"Oui, je suis de retour… et alors ? ET ALORS ???!!!" (voir
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"Avec le selfie de baskets via une perche à portable, je crois que je tiens un concept ! Il faut absolument que je dépose un brevet, Camille Charrière serait capable de me piquer l'idée !" (voir
ici).
"Petit ignare, j‘imagine que la signification de ma tenue t'échappe complètement… Pour ta gouverne, sache que cette robe n'est rien de moins que la métaphore de la mue de l'écorce terrestre face aux agressions incessantes des produits toxiques déversés quotidiennement par l'Homme sur cette planète..." (voir
ici).