Chronique #145 : Canada, le bon côté des choses
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Après ma récente chronique dressant un portrait assez sombre de notre expérience canadienne, j'ai senti qu'il me fallait procéder à un léger rééquilibrage. Car si ces quatre dernières années ont parfois rimé avec frustrations, elles n'en furent pas moins riches en instants magiques, moments inoubliables et autres expériences mythiques. En voici quelques-uns...
Grimper sur les troncs noueux d'arbres majestueux semblant sortir tout droit d'un roman de Mark Twain (voir ici). Être à cinq minutes à pied du meilleur spot de luge du quartier et y passer des heures les jours de neige à enchaîner glissades, chutes et fous rires.
Voir mon verre de Coca Cola Light se remplir à peine terminé grâce au "merveilleux" principe du "refill".
Les jours de beau temps, distinguer la silhouette de Niagara Falls de l'autre côté du lac.
Patiner gratuitement sur l'une des nombreuses patinoires publiques disséminées dans les parcs de la ville. J'ai adoré glisser en regardant les petits Canadiens s'entraîner au hockey avec leurs pères...
Contempler les tourbillons de neige évoluant sur la partie gelée du lac Ontario.
Observer sans me lasser la course espiègle des écureuils sautant d'une branche d'érable à l'autre. Véritables petites boules de mignonnerie sur pattes, ces derniers me plongent immédiatement au coeur de ma scène préférée de Merlin l'Enchanteur.
Pouvoir suivre l'avancée de l'automne du haut de notre 56e étage en regardant les arbres de la ville changer de couleurs au fil des jours. Mais aussi observer la progression des trombes de pluie, la beauté sidérante des éclairs cisaillant les ténèbres, le vol serein des rapaces planant à quelques mètres de notre balcon, la douceur mystérieuse du brouillard recouvrant partiellement les buildings, ainsi que l'avancée inexorable des glaces sur la surface du lac…
Aller se promener le dimanche matin dans Cabbagetown dans le seul but de déguster les "Eggs Charlotte" du pub House on Parliament.
Finir par prendre comme un compliment les éloges sur mon "Beauuutifulllll french accent".
Entendre Charles parler francais avec un "Beauuutifulllll english accent".
Contempler les vaguelettes translucides du Lac Huron jusqu'à perdre la notion du temps.
Battre des records de vitesse lors de nos promenades dans les forêts de la Péninsule de Bruce, tant la peur de croiser un ours brun nous broie l'estomac.
Fendre les eaux du lac Ontario en canoë.
Être témoin de l'éclosion d'immenses buildings. Entre la démolition du bâtiment préexistant, l'extraction de tonnes de terre laissant place à d'immenses fosses, le coulage d'innombrables strates de béton, la mise en place des vitres et l'élaboration des derniers étages, force est de constater qu'après avoir vu des dizaines de gratte-ciels sortir de terre, la magie industrieuse générée par ces chantiers continue de me fasciner.
Se retrouver en plein mois de juillet sous une pluie aussi soudaine que torrentielle et prendre le parti de faire de cet imprévu humide une véritable aventure tropicale.
Savourer la simplicité d'un anniversaire organisé dans un parc public où pizzas, gâteaux et boissons sont simplement disposés sur l'une des tables en bois de celui-ci et où les enfants jouent librement autour d'adultes détendus buvant leurs bières dans de grands gobelets en carton. Garder longtemps l'odeur du feu de bois sur nos vêtements après une flambée en plein air.
Regarder Charles dérider les policiers en allant leur faire un "High Five" et le voir ensuite rayonner de bonheur en entendant leur chaleureux "Hey buddy, have a good day !".
Découvrir en se levant la ville ensevelie sous un épais manteau blanc.
Apprécier la dimension "kids friendly" de nombreux restaurants.
Profiter du retour des beaux jours pour aller pique-niquer en soirée au sein du Trinity Bellwoods park
Atteindre le nirvana en mordant dans un pancake fumant recouvert de sirop d'érable.
Faire une chute magistrale lors d'un départ raté en ski nautique, répéter plusieurs fois l'expérience, puis finalement réussir à évoluer fièrement sur les eaux du lac Muskoka.
Découvrir le confort des sweatpant Roots...
Tomber régulièrement au détour d'une rue sur un tournage de série ou de film (voir ici).
Rouler sur des routes bordées de dizaines de pommiers sauvages.
Réussir à faire des s'mores ne déclenchant pas une hypoglycémie (ma recette : chamallow énorme + biscuit Graham non sucré + fin carré de chocolat noir).
Sortir à l'aube afin d'être la première à marcher sur la neige vierge des trottoirs.
Pouvoir admirer les dernières nouveautés Gucci sur les jeunes asiatiques de notre immeuble.
Siroter un thé brûlant derrière la vitre d'un café lorsque dehors le thermomètre frôle les -20 degrés Celsius.
Se rendre compte que Charles est devenu un expert en bonshommes de neige.
Rêver en admirant les immenses maisons de villégiature bordant les lacs de la région.
Loin des villes, pouvoir contempler des ciels étoilés d'une pureté inégalable.
Suivre la progression de saumons remontant courageusement le courant
Avoir intégré dans nos traditions familiales le creusage de citrouille et la fabrication de Gingerbread Houses.
Se perdre joyeusement dans un diabolique "corn maze".
Et j'en oublie…
Par Lise Huret, le 03 mars 2020
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