
Debrief fashion #23
Entre faux pas marketing, documentaire dédié à la plus punk des septuagénaires, traversée du désert marc jacobienne et solitude d'André Leon Talley, petites réflexions sur l'actualité mode de ces derniers jours...

Le tee-shirt de la discorde
À force de vouloir à tout prix surfer sur l'air du temps en s'emparant des thèmes animant la société, certaines marques finissent par diviser leur propre communauté. On en veut pour preuve ce tee-shirt pour enfant portant l'inscription "I am a feminist too", qui généra récemment un brin d'animation sur le compte Instagram de la marque J.Crew. Entre celles qui en ont assez que le féminisme soit mis à toutes les sauces, celles qui saluent cet acte militant et celles qui craignent que le porteur dudit tee-shirt subisse les moqueries de ses camarades, difficile de dire si l'arrivisme marketing édulcoré aux bons sentiments pratiqué par l'ancien fief de Jenna Lyons se révélera au final payant pour la marque...
Marc Jacobs, le passage à vide ?
Il est toujours impressionnant de voir la roue du succès tourner en temps réel. Après avoir fait partie des créateurs incontournables des années 2000, généré l'adulation du gotha mode et offert à Louis Vuitton une caution fashion des plus bankables (tout en dirigeant avec succès ses deux lignes éponymes), Marc Jacobs semble actuellement traverser une mauvaise passe. Nul doute que la descente en gamme de sa ligne principale, la disparition de ses sacs de l'offre de chez Barney's et l'apparition de nouvelles griffes jouant dans la même catégorie contribuent à la mauvaise santé commerciale de celui qui a longtemps été considéré comme une divinité fashion à part entière. Espérons dès lors qu'au lieu de noyer ses angoisses dans le botox (voir ici et là), Marc Jacobs aura bientôt l'occasion de briller à nouveau en apposant son traitement "Louis Vuitton" à une autre belle endormie...

"Westwood: Punk, Icon, Activist"
Le 8 juin sortira le documentaire de Lorna Tucker consacré à l'iconique et inclassable Vivienne Westwood. Mêlant images d'archives, interviews de ses proches et moments intimes saisis sur le vif, ces 80 minutes de film présentées au dernier festival du film de Sundance risquent de faire paraître bien fades les "September Issue" et autres documentaires fashion parus ces dernières années. Il faut dire qu'avec son caractère entier, ses engagements passionnés, son parcours hors norme, son traitement punk de la mode et ses trois maris, la flamboyante Vivienne Westwood a de quoi faire brûler la pellicule…
La solitude d'André Leon Talley
De lui, on connaît la silhouette monumentale, le sourire d'enfant sur un corps de géant et bien entendu le travail au sein du magazine Vogue. Moins la solitude viscérale qui entoure sa vie post-Vogue et que laisse entrevoir l'article de Vanessa Friedmann au sein du New York Times. "I live alone. I'll die alone, I climbed up alone, and I'll go down alone". Serait-ce sa propension à pouvoir être aussi glacial que chaleureux ou bien le caractère superficiel et intéressé des relations au sein du fashion system ? Toujours est-il que l'homme déplore ses amitiés perdues (Karl Lagerfeld, Miuccia Prada). Ruiné, il évoque l'angoisse d'embrasser le destin d'une Joséphine Baker morte sans le sou ou d'une Loulou de la Falaise qui finit délaissée par le milieu de la mode. On aurait souhaité une "retraite" moins amère pour l'ex-ange gardien d'Anna Wintour...

A noter également
Par Lise Huret, le 06 juin 2018
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Wang tout le monde s'en fout, non ? Il refuse les saisons...
Il y a une "justice" puisque Grâce Coddington elle a l'air de bien s'amuser. Et elle est plus rigolote qu'André